« Heureux ceux qui lavent leurs robes …» Apocalypse 22 v.14

L’une des œuvres picturales les plus anciennes de Martinique, est un tableau du peintre Bassot2, daté de 1765, et représentant une scène de vie, à Saint-Pierre de la Martinique, au XVIIIe siècle. Vous pourrez admirer ce tableau au Musée régional d’histoire et d’ethnographie, à Fort-de-France.

On y voit, entre autres scènes, des lavandières s’affairant, dans le lit de la rivière Roxelane traversant la ville de Saint-Pierre, au lavage et au séchage de nombreux draps.

Comme vous l’expliquera avec brio la guide-conférencière agréée du musée, le comble du luxe, pour la bourgeoisie des grands ports négriers français de l’époque (Bordeaux, Nantes, ou encore La Rochelle pour ne citer que ces villes), était d’envoyer laver ses draps à …Saint- Pierre de la Martinique.

Cela signifie que les maîtresses de maison des « grandes » familles de ces villes côtières françaises ne voyaient pas revenir ces draps, lavés et pliés, avant plusieurs mois.

Cette histoire de lavage rappelle une autre lessive, amplement plus importante. Dans le 22ème chapitre du livre de l’Apocalypse, il est fait mention d’une lessive, lavant plus propre que propre, et du bonheur de ses utilisateurs. L’expression utilisée en grec ancien pourrait se traduire littéralement par « heureux ceux lavant leurs robes ».

N.B : Le mot « robe » s’entend ici au sens de « vêtements » unisexes.

Pour précision, les passages des chap.19 v.8 [«Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints »] et 7 v.14 [«… ceux qui viennent de la grande tribulation… ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies (au sens de « nettoyer », « purifier ») dans le sang de l’agneau »] indiquent que ce sont nos vies qui doivent subir une bonne lessive.

En résumé, nous devons procéder à un nettoyage permanent et répété dans/de nos vies afin que, via l’agent actif cité plus haut (l’agneau désigne le Christ !), nos actions (ainsi que nos paroles et nos pensées) soient lavées de toute souillure.

Au fait, le mot apocalypse nous parle en lui-même de chiffons puisque, étymologiquement, comme j’aime à entendre mon compatriote guadeloupéen, le pasteur Durban l’expliquer, il vient de deux mots grecs signifiant « lever le voile », ce qui a donné en français les verbes

« dévoiler » ou « révéler » ainsi que le mot « révélation ».

Puisse l’éclat de votre âme, reflété dans vos mobiles, faits, dires et gestes, être d’un brillant semblable (sinon supérieur) à celui de vos vêtements, lorsqu’ils ont été étendus au soleil après une bonne lessive.

Olivier REGIS

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2 Il s’agit vraisemblablement d’un homonyme du peintre Laurent Bassot qui, lui, a vécu au XVIIe siècle.

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