Je suis née dans un foyer adventiste et mon enfance a été bercée par les cantiques et les récits bibliques que je finis par tous connaître par cœur. J’aimais ce Dieu de la Bible qui réalisait toutes ces choses merveilleuses que j’entendais à travers ces histoires extraordinaires.
En grandissant, j’écoutais passionnément à l’église chaque sabbat matin le bulletin missionnaire qui relatait les merveilleux miracles que Dieu accomplissait dans quelques contrées lointaines.
Puis vint le moment où je dus quitter ma famille afin de poursuivre mes études dans l’île voisine.
Depuis l’âge de 12 ans, j’avais un rêve qui me tenait à cœur : je voulais devenir professeur. Étant assez bonne élève, mes parents et mes enseignants m’y ont toujours encouragée, étant persuadés que j’y parviendrai. Moi-même, je m’étais fixée des objectifs très précis concernant cet objectif : à tel âge j’obtiendrai mon bac, puis j’obtiendrais tous mes diplômes. Mais les choses n’allèrent pas aussi vite que je l’avais souhaité, et d’autres éléments vinrent se poser sur cette route si bien tracée. Par nécessité, je dus faire le choix de travailler pendant que je faisais mes études et cela impacta mes résultats universitaires. Je commençais également à perdre de vue mon objectif prioritaire pour me focaliser sur le travail qui me permettait de subvenir à mes besoins.
Et le temps qui passait… J’allais à l’église régulièrement de façon coutumière, mais sans expérience particulière avec Dieu, j’étais là quoi…
Mes diplômes obtenus j’obtins avec une grande joie, un poste de professeur remplaçant. Je pensais avoir atteint mon objectif, mais Dieu avait en vue pour moi quelque chose de meilleur, et la manière dont il me le fit réaliser, fut assez douloureuse. En effet, au début tout allait bien j’étais employée sur toute l’armée scolaire, mes vacances étaient également payées. Je me suis mariée, j’ai eu mon premier enfant et notre bonheur semblait parfait… Mais la politique ministérielle changea et les choses devinrent de plus en plus difficiles, les contrats se faisaient de plus en plus rares, courts et espacés. Il m’arrivait de ne travailler que quelques 2 ou 3 mois sur une année scolaire avec des petits contrats de quinze jours où mon salaire pour ces remplacements n’arrivait que 3 mois après les avoir effectués.
Entre temps nous devions jongler du mieux que nous pouvions avec maintenant 2 enfants en bas âge, un loyer à payer et toutes les autres charges inhérentes au bon fonctionnement d’un foyer.
Je me voyais contrainte de laisser chéquier et carte bleue à la maison afin que mon compte bancaire ne soit pas dans le rouge. Je devais réfléchir à deux fois avant de me déplacer pour économiser la moindre goutte d’essence…
J’étais désespérée de cette situation, mais au fond de moi, je gardais toujours l’espoir que les choses s’arrangeraient. Pour cela, je devais obtenir ce concours, ce fameux CAPES ! Ce concours difficile, a pour réputation de rebuter même les bons éléments; il comprend 2 parties : la 1ere partie à l’écrit, puis la 2de partie pour ceux qui ont été admis à la première et doivent se présenter à l’oral, devant un jury de trois enseignants affûtés, chevronnés, en France, puisqu’il s’agit d’un concours national. Je commençais donc à assister à des préparations mises en place par mon rectorat, et au bout de quelques temps, j’eus l’heureuse surprise d’être déclarée admissible. Il ne me restait qu’un mois pour préparer mon oral. Ma famille et mon église prièrent pour moi, et un sabbat, alors que je parlais de mon appréhension pour la 2de épreuve, l’oral, a un ami pianiste, celui-ci me dit dans la sacristie de l’église ces paroles : « Écoute, si Dieu a décidé de te donner ce concours Il va te le donner… »
Je décidai de me mettre en prière, de présenter à Dieu cette requête : je voulais ce concours du premier coup, je ne voulais pas retourner en France pour le repasser plusieurs fois comme la majeure partie de mes collègues qui l’avaient tous obtenu au bout de la 2ème, 3ème, 4ème ou même à la 7ème fois… Ils m’avaient tous parlé des membres du jury, dédaigneux, hautains, dont le racisme transparaissait pour certains. J’étais terrorisée à l’idée de me retrouver seule dans une salle avec 3 personnes qui me cribleraient de leurs questions…
Cette année-là, j’échouai car Dieu avait décidé de ne pas m’accorder mon concours comme ça, d’un coup… Je devais savoir qui Il était vraiment, je devais me rapprocher de Lui en le prenant « au mot » comme me le disait souvent ma mère. Je pleurai amèrement cet échec « mais mon Dieu pourquoi ? Ne me vois-tu pas souffrir ? Nous avons notre foyer à faire tourner, nos enfants à élever ! Ce n’est pas juste ! Tu fais pour les autres et pas pour moi !! « … J’étais en colère contre ce Dieu qui pourvoyait à bénir abondamment Abraham, Isaac et Job dont les troupeaux couvraient le pays et moi qui ne demandait qu´un modeste concours pour pouvoir exercer un modeste métier dont j’avais réellement besoin pour vivre simplement… C’est pas juste! Je me disais « Dieu n’écoute pas les prières, il n’exauce que les pauvres au loin, nous, on doit se débrouiller tout seul pour survivre ! »…
Une autre année scolaire recommença avec son même lot d’incertitudes : allais-je obtenir un poste ?et quand ? Et pour combien de mois ? A chaque rentrée, une fois les enfants déposés à l’école, et que tout le monde reprenait le travail, je rentrais chez moi le cœur gros et je me mettais à genoux en pleurant, en suppliant Dieu de m’accorder ce travail, de réaliser mon rêve d’enseigner.
Mais Dieu voulait me montrer qu’il prenait soin de nous malgré nos difficultés financières. Qu’il était là et qu’Il avait placé à nos côtés des proches qui nous aidèrent énormément: la tante de mon époux mit à notre disposition gracieusement un logement plus grand que celui que nous occupions jusque-là : nous étions soulagés d’une grosse charge. Régulièrement ma belle-mère nous concoctait des repas et confectionnait des vêtements pour les enfants. Je leur suis très reconnaissante et je remercie Dieu de les avoir placées à nos côtés. Des frères et sœurs nous encouragèrent par leurs paroles réconfortantes et leurs prières.
Dans ma détresse, j’écoutais beaucoup notre radio et certains chants avaient sur mon cœur, l’effet d’un baume réconfortant, apaisant… J’avais l’impression que Dieu me serrait dans ses bras. L’un en particulier semblait s’adresser à moi : « Si Dieu a mis un rêve dans ton cœur, écris-le, garde-le comme un trésor… Quand tu sais tu sais de tout ton être que ce rêve ne vient pas de toi…. Même si tu ne vois que le contraire : Persévère »
Je décidai, malgré les conseils de proches ou de personnes bien intentionnées, de ne pas abandonner ou de faire autre chose, mais de persévérer, et je recommençai à préparer ce concours. Je parvins une nouvelle fois à passer la difficile barre de l’écrit pour aller me présenter à l’oral. J’avais la foi, j’étais confiante et entourée de plusieurs autres collègues antillais. La veille de ma convocation, dans notre hôtel, nous nous sommes un peu entrainés, et deux collègues se mirent à me poser quelques questions précises. Je me sentais prête, rassurée je mis mon réveil et m’endormit sereinement… Et, au petit matin, quelque chose d’inhabituel se produisit… Tandis que je dormais encore profondément (puisque mon réveil n’avait pas encore sonné) j’entendis doucement mais distinctement comme provenant de moi un doux chant « … et mon cœur … n’a rien à craindre puisque tu me conduiras… » C’étaient les paroles d’un cantique que je connaissais mais que je n’avais entendu, ni chanté depuis très longtemps. Etonnée, je m’assis sur mon lit, je décidai de faire mon culte en cherchant le titre de ce cantique que j’avais oublié mais dont je n’avais entendu qu’une partie du refrain… Après l’avoir trouvé, je le chantai, en lisant attentivement les paroles… Je suis persuadée que Dieu m’a parlé à travers ce cantique.
0 commentaires