« … vous diriez à cet arbre : Déracine-toi et plante-toi dans la mer ! » Luc 17.6c
Revenons à ce petit « rien qu’un peu » – comme une graine de moutarde – qui est pourtant capable, grâce à Dieu, de déplacer des montagnes – c’est une autre variante de l’allégorie proposée ailleurs par Jésus lui-même (Matthieu 17.20).
Comme nous l’avons dit précédemment, il est déjà bon d’accueillir cette mise en évidence de ce « petit peu » qui, lorsqu’il est mis à la disposition de Dieu, ouvre des possibilités extraordinaires. Les disciples parlent de « plus » de foi, exprimant leur désir d’une foi immense. Jésus parle d’une petite foi. Une foi à ma dimension humaine…
Souvenez-vous : c’était sur les rives du lac de Galilée. Une foule immense buvait les paroles de Jésus, tout au long de la journée. Le soir étant venu, tout ce monde avait faim. Il a suffi qu’un gamin innocent apporte à Jésus son minuscule pique-nique de cinq pains d’orge et deux poissons secs pour que le maître puisse nourrir des milliers de personnes (Jean 6.5-13). Le miracle a pu avoir lieu grâce à ce « petit rien du tout » mis à la disposition du maître. L’enfant, dans sa spontanéité, n’a pas eu honte du ridicule. C’est sans doute pourquoi Jésus aimait tout particulièrement les enfants et qu’il les présentait comme exemples aux disciples. Car le royaume des cieux, selon Jésus, sera peuplé d’enfants… ou de ceux qui leur ressemblent.
Voilà le Dieu que révèle Jésus : celui qui est capable d’accomplir de grands miracles avec nos manques de foi !
Dieu ne peut faire de grandes choses qu’avec des êtres conscients de leur fragilité et de leur petitesse. Moïse a du devenir « incapable » pour qu’enfin Dieu puisse libérer le peuple par lui. Gédéon était complexé et se sentait le plus petit de sa famille et pourtant Dieu lui dira « Va avec cette force que tu as ! » Joseph était un jeune bien fragile devant le géant Goliath, et il l’a combattu avec une simple fronde, laissant même de côté son armure. Josué a dû se séparer des 99% de son armée – de 33’000 hommes il est passé à 300 ! –, pour combattre les dangereux Madianites. « Car, dit Dieu, Israël pourrait s’en vanter à mes dépens et dire :
« C’est ma propre force qui m’a sauvé ! » (Juges 7.2) Pierre à dû couler et renier Jésus à trois reprises pour qu’il réalise qu’il n’était pas un rocher solide mais qu’un tout petit caillou qui roule… et qui parfois coule ! C’est alors que Jésus pourra lui dire : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas tout à fait. Avec cette foi (toute fragile), tu affermiras tes frères ! »
On retrouve, comme une constante, cette foi « grain de moutarde minuscule » capable de grandir comme un arbre puissant.
Paul a si bien compris le message, qu’il s’est écrié : « C’est quand je sais que je suis faible que je suis fort pour Dieu ! »
Cette première lecture de l’allégorie de l’arbre qui se plante dans la mer met donc en évidence les choses extraordinaires que Dieu peut accomplir à travers nous, « malgré » ou plutôt « grâce » à notre foi, pourtant toute minuscule.
Dieu n’a que faire de notre prétendue force qui ne fait que compliquer ses plans, l’encombrer et occulter sa propre force.
Ce qu’il recherche, c’est juste une petite foi qui ose prendre des risques…