1
Dans l’abime de misères
Où j’expirais loin de toi,
Ta bonté, Dieu de mes pères!
Descendit jusques à moi :
Tu parlas, mes yeux s’ouvrirent,
À mes regards éperdus
Tes secrets se découvrirent;
J’étais mort et je vécus.
2
Mais ma vie est faible encore,
Et je sens, jusqu’à ce jour,
Dans ma foi, qui vient d’éclore,
Plus de remords que d’amour.
D’un passé qui m’humilie
J’entretiens mon souvenir;
Je me contemple, at j’oublie
Le Dieu qu’il faudrait bénir.
3
Ô Dieu! s’il faut qu’on te craigne,
Tu veux surtout être aimé;
Être aimé, voilà ton règne;
Ta gloire, c’est d’être aimé.
Qui ne t’aime, Dieu fidèle!
Foule, d’un pied révolté,
La loi sainte et paternelle
De la céleste cité.
4
Plus haut que toute pensée
Ta main étendit les cieux;
Tu veux : leur voûte embrasée
Se peuple de nouveaux faux.
Mais privés d’aimer, de croire,
Tous ces cieux et leur splendeur
Ne valent pas pour ta gloire
Un seul soupir d’un seul coeur.
5
Esprit du Dieu que j’adore,
Ah! forme en moi ce soupir
Et ce feu qui doit encore
Réchauffer mon repentir!
Qu’à l’amour mon coeur se livre
Et répète chaque jour :
Aimer, aimer, voilà vivre!
Fais-moi vivre, ô Dieu d’amour!