«O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé: Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ?» Romains 9. 20-21

Une des particularités de l’argile c’est d’être un matériau absorbant, perméable et plastique sous l’action d’une hydratation. De fait, lorsqu’elle est pétrie avec de l’eau, elle donne une pâte plastique qui peut être facilement moulée ou mise en forme. En revanche, sous l’effet de la cuisson, l’argile formée donne un objet résistant et imperméable.

Soulignons que le potier divin a tout pouvoir sur l’homme, cependant, il laisse à l’homme la liberté. D’où, « Le potier n’a-t-il pas autorité sur l’argile ? » NBS. De fait, le potier lui attribue la forme qu’il souhaite.

L’argile est un matériau malléable entre les mains du potier et perméable à son influence. Rappelons que dans l’Empire Romain, l’esclave n’avait pas de statut. Dans les Antilles qui ont connu l’esclavage, il était considéré comme une chose ; en témoignent les inventaires après décès où l’esclave était inventorié au même titre que les biens. Paul avance dans son propos en déclarant que la liberté du potier lui permet de façonner un objet d’honneur ou un objet méprisable.

L’illustration de Paul qui assimile Dieu à un potier et l’homme à l’argile est belle jusqu’à un certain point. Car le matériau argile n’a pas de volonté, c’est une masse inerte et sous le contrôle du potier qui en fait ce qu’il veut. En revanche, l’homme, être fragile, est libre de son choix. Il est libre d’accepter ou de refuser les desseins de Dieu.

Ces versets de Romains 9.20-21, rappellent à l’homme, au chrétien, qu’il n’a ni le droit de revendiquer des droits à Dieu, ni celui de faire des réclamations, ni même de contester l’usage que Dieu ferait d’un vase. De nombreux êtres humains sont insatisfaits et, comme Marie et Aaron, ils voudraient être à la place de Moïse et regrettent de n’avoir pas été choisis (Nombres 12.1-3). Tout comme la grenouille1, qui n’étant pas grosse « en tout comme un œuf », vit un bœuf et voulut l’égaler et « s’enfla si bien qu’elle creva ». Jean de la Fontaine termine sa fable en déclarant : « le

monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ».

Paul nous invite à ne pas contester avec Dieu. L’apôtre affirme que c’est une folie que de remettre en question les plans de justice de Dieu. En effet, le potier divin est libre de faire de certains des pasteurs, des enseignants, des présidents, des docteurs, etc… et à d’autres, il donne la capacité d’être agriculteur, charpentier ou accorde, comme à Betsaleel, la faculté des arts (Exode 36.1). Mais à tous, il donne la possibilité d’œuvrer pour lui d’une manière ou d’une autre.

Evelyne HONORE

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1 Jean de la Fontaine, La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.

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