« … si vous aviez la foi comme une graine de moutarde… » (Luc 17.6b)

Quelle drôle d’idée que de comparer la foi à une graine de moutarde ! Avez-vous remarqué que Jésus semble particulièrement aimer cette petite graine ? Ce n’est pas la première fois qu’il fait appel à cette analogie. Il a même comparé le royaume des cieux à cette graine poivrée (Matthieu 13.31). Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle relève le goût et donne du piquant aux aliments qu’elle côtoie !

Il est vrai que le message de Jésus a souvent été édulcoré et rendu dramatiquement douçâtre, voire même fade ! On aime poser délicatement un petit Jésus sucré et somnolant sur les bûches de Noël… Mais cela ne correspond pas du tout au Jésus des évangiles. Même s’il disait qu’il était doux et humble de cœur, son message était incisif comme une lame à double tranchant. Il savait déranger et bousculer son auditoire.

Jésus poivré – ou piquant – n’hésitait pas à annoncer qu’il n’était pas venu apporter la paix sur la terre… mais l’épée ! Une épée qui tranche au sein même des relations familiales (Matthieu 10.34). Il parlait même de la « haine » nécessaire.

Sa parole était souvent piquante et poivrée. Une parole qui dénonçait et reprenait avec force, n’hésitant pas à comparer les religieux à des sépulcres blanchis et à des plats propres à l’extérieur mais remplis d’impuretés à l’intérieur. Il osait même leur lancer au visage ce camouflet musclé : « Race de vipères ! » Jésus poivré…

Il comparait aussi le royaume des cieux – et le royaume intérieur – à cette graine de moutarde qui était appelée à devenir un arbre.

C’est dire combien Jésus aimait voir se manifester chez ses disciples une foi pareillement pimentée et poivrée.

J’apprécie aussi l’insistance de Jésus sur le « peu » de foi. Une graine de moutarde n’est, en fait, pas grand-chose. Dans un autre passage de l’évangile, Jésus précise même que c’est l’une des plus petites graines (Matthieu 13.32).

Par contre, les disciples veulent beaucoup de foi. Une foi solide. Et voici que Jésus parle d’un tout petit peu. Parce qu’il est réaliste le Maître ! Il ne nous demande pas l’impossible. J’aime ce Très-Haut capable de nous rejoindre en étant le Très-Bas.

Mais, en même temps, il met en évidence ce petit peu capable d’accomplir des miracles.

C’est comme s’il me disait : « Tu veux d’une foi exceptionnelle ? Si l’on commençait déjà par quelque chose d’accessible, qui est à ta portée ? De quelque chose qui est juste à ta dimension ? »

Souvenez-vous de la parabole des talents. Jésus précise que l’un des serviteurs reçoit cinq talents de son maître, l’autre deux et le dernier un. Pourquoi cette disparité et cette apparente injustice ? Le texte précise : « A chacun selon sa force ! » Dieu ne nous confie donc rien au- delà de nos moyens. Pourquoi vouloir jouer au héros ?

Nous voulons d’une super foi qui fait de nous des héros de sainteté ? Une « petite foi » lui suffit…

Thierry LENOIR

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