Jésus dit à ses disciples : « que celui qui n’a pas d’épée vende son vêtement et en achète une ». Luc 22 : 36

Cette déclaration de Jésus semble être en contradiction avec d’autres passages sur la non- violence. Le verset 38 réserve une surprise de taille : comment deux épées peuvent-elles suffire dans un combat armé ? Ce seul verset nous incite à aller un peu plus en profondeur. Que voulait dire Jésus ?

Nous remarquons d’abord un changement de circonstances. Au début de leur ministère, les disciples s’en allaient sur les chemins de Palestine sans bourse, ni sac, ni sandales (v.35). D’autres textes des évangiles suggèrent que les disciples recevaient l’hospitalité dans certaines familles (Mt 10, 9). Le maître avait joui pendant plusieurs mois d’une certaine faveur auprès du peuple (Matthieu 5,28.29 ; Luc 7.16), et les disciples étaient couverts par cette réputation et menaient une vie relativement facile.

Le conflit qui allait éclater entre Jésus et les autorités juives a changé cette situation favorable. Le verset 36 marque un tournant dans le ministère du Sauveur et de ses disciples. Ils auront à subir à leur tour le contrecoup de cette nouvelle donne. Afin de leur faire sentir ce changement, le Christ juge nécessaire de les avertir, alors que leur mission s’est accomplie paisiblement jusque-là. Pour Jésus, c’est presque la fin de sa carrière terrestre (verset 37). Il sera arrêté comme un malfaiteur. Lors de son arrestation, un des disciples coupe l’oreille d’un serviteur du souverain sacrificateur. Jésus met de suite fin à ce geste et guérit l’oreille du serviteur (v. 51).

Dans ce contexte quelle sera dès lors la vie des disciples ? Alors qu’ils pouvaient compter sur l’hospitalité bénévole, ils devront payer leur part lors des repas, ils seront traités comme des voyageurs ordinaires et ils rencontreront une hostilité prononcée. Disciples du Fils de l’Homme traité comme un malfaiteur (verset 37), ils seront considérés comme des hommes dangereux, et ils se verront en guerre avec leurs compatriotes et le monde entier (Matthieu 5 : 11.12 ; Marc 13 : 9 ; Luc 12 : 14 ).

L’épée est finalement l’emblème de l’état d’hostilité entre les disciples de Jésus et le monde, mais nullement un état de guerre suscité par les disciples eux-mêmes. Ce serait contraire à l’Evangile (Matthieu 26 : 52-53), à l’enseignement des épîtres de Paul (Romains 12.20).

Jean 16 : 33 est certainement la plus encourageante et la plus belle conclusion à l’interrogation du verset 36 : « Je vous ai parlé ainsi, pour que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde »

Pierre L’EPLATTENIER

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