« Il y avait un homme riche qui était vêtu de pourpre et de fin lin. Un pauvre couvert d’ulcères, du nom de Lazare, était couché à sa porte » Luc 16 : 19.20

Jésus ne donne pas une leçon sur l’au-delà. La pointe de la parabole au verset 31 dévoile ce que Jésus veut dire : un miracle ne convaincra pas le riche et ne l’amènera pas à une conversion.

Au niveau du vocabulaire, les mots « âmes », « enfer », sont absents. Il n’y est nullement question de séparation du corps de l’âme. Lazare et le riche sont tous les deux dans leurs corps et ont des réactions et des besoins physiques. L’abîme dont il est question n’a pas d’équivalent dans l’Ancien Testament.

Il est intéressant de voir que cette parabole se réfère à une histoire connue, celle du conte égyptien qui raconte le voyage de Si-Osiris dans l’empire des morts. Le récit se termine par ces mots : « Qui est bon sur la terre, on est bon pour lui dans l’au-delà, mais qui est méchant sur la terre, on est méchant pour lui (là-bas) ». Les juifs d’Alexandrie ont repris cette histoire qui est devenue l’histoire du «pauvre scribe et du riche publicain Bar Majan ». Le pauvre scribe est enterré sans cortège, alors que le riche l’est en grande pompe. Dans l’au-delà, le pauvre scribe vit dans un magnifique jardin avec de l’eau en quantité. Le riche publicain cherche au bord d’une rivière à atteindre l’eau sans pouvoir y arriver. (1)

Jésus a donc repris une histoire invraisemblable en l’appliquant aux riches pharisiens, qui la connaissaient bien. Les pharisiens considéraient leur situation sociale comme une bénédiction, étant héritiers d’Abraham. Les Lazare n’ont que ce qu’ils méritent. Dans le discours de Jésus, Lazare prend la place du scribe, un comble, et se trouve dans la lignée des fils d’Abraham ; le riche pharisien prend la place du riche publicain Bar Majan. Ce dernier est mis au même rang que ceux qui s’enrichissaient sur le dos du peuple. Il y a ainsi dans cette parabole une pointe polémique.

Jésus ne prend pas position sur les riches et les pauvres. Il n’entend pas donner un enseignement sur l’au-delà. Il ne suffit pas d’être fils d’Abraham, riche et influent, pour jouir des faveurs de Dieu. Les filiations humaines ne sont rien, même celle d’Abraham. Il faut une conversion du cœur, écouter la parole vivante de Dieu. Jésus dit un jour : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4 : 4)

Pierre L’EPLATTENIER

1. Joachim Jeremias, Les paraboles de Jésus

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