Le policier se gratta la tête. « Ah ! C’est le vieux Jack. Il fait
partie des meubles dans le coin depuis quelques années. Qu’est-ce que
vous lui voulez ? »
-« Voyez-vous la cafeteria là-bas ? Je veux l’y amener un peu au chaud ».
-« Ça va pas non, la dame ? »
Le sans-abri résistait. « J’veux pas aller là-bas ! » Il sentit à ce
moment des mains fortes qui l’empoignèrent sous les bras pour le
soulever. « Laissez-moi, officier.
J’ai rien fait… »
« C’est une bonne offre pour toi, Jack : ne manque pas ça. »

Finalement, la femme et le policier aidèrent Jack à se rendre au resto
et l’installèrent à une table en retrait  dans un coin.

C’était au milieu de la matinée, après le flot du petit- déjeuner, la
plupart des clients étaient partis, et les prochains, pour le
déjeuner, n’étaient pas sur le point d’arriver.

Le gérant vint se tenir près de la table.
-« Qu’est-ce qui se passe ici,officier? demanda-t-il. Est-ce que cet homme a des problèmes ? »
-« Cette dame l’a amené pour lui donner à manger », répondit le policier.
-« Ah pas ici » ! répondit le gérant fâché. « Ce type de personne nuit aux
affaires ».
Le vieux Jack sourit d’un sourire édenté. « Voyez, madame.
Je vous l’avais dit. Maintenant laissez-moi partir. Je vous avais dit
que je ne voulais pas venir ici. »
La dame se tournant vers le gérant de la cafeteria, lui dit en
souriant: « Monsieur, vous connaissez « Eddy et Associés », l’institution
bancaire? »
-« Oh bien sûr que je la connais »,
répondit le gérant avec impatience.