Lors de la chute du communisme en 1989, Michael Gorbatchev eut une phrase lourde de sens. Il rendit hommage à Jean Paul II en déclarant : «Rien de ce qui s’est passé en Europe de l’Est n’aurait été possible sans la présence de ce pape».
Le pape Jean Paul II, de son vrai nom, Karol Józef Wojtyła restera dans l’histoire comme un pape immensément populaire qui voyagea dans plus de 100 pays et rencontra plus de 500 millions de personnes. Dès son élection au pontificat en 1978, son profil s’avère atypique de par son âge et sa nationalité. Il est alors âgé de 58 ans, mais surtout il est natif de Pologne, pays faisait partie intégrante du bloc communiste.
Avant d’être élu pape, Karol Józef Wojtyła a été successivement, prêtre et archevêque de Cracovie, ancienne capitale de la Pologne. Il a mené un combat sans relâche contre les entraves du pouvoir communiste à la liberté de culte. En effet, ce régime, de par sa nature profondément athéiste s’oppose naturellement à toute idée de religion. L’histoire du communisme, est tachée de sang, le sang des martyrs religieux. Dans les premières années de la révolution bolchévique au début du vingtième siècle, des milliers de prêtres et évêques furent exterminés. Plus tard, sous Staline, la situation s’empira et la persécution fut accélérée. Si après la seconde guerre mondiale, la persécution fut moins sanglante, elle affecta néanmoins des millions de catholiques, protestants et orthodoxes. Jean Paul II s’est battu toute sa vie contre cette idéologie, qui incarne pour lui la négation de l’homme et de Dieu.
Durant son pontificat, Karol va visiter de nombreux pays. Mais, il réservera sa première visite officielle à sa Pologne natale, et ce dès 1979. Ce choix n’est pas dû au hasard. Il considère l’idéologie communiste comme un obstacle à la pensée religieuse. Il sait que comme toute dictature, ce régime ne subsiste que sur la peur qu’il inspire à ses concitoyens. Il connaît l’impact de ses discours, de son aura, de son charisme sur les peuples. Aussi va-t-il par des discours choisis, par des phrases subtiles amener les masses avides de liberté à ne pas craindre le pouvoir en place. La célèbre phrase ‘N’ayez pas peur’ prononcée lors de l’inauguration de son pontificat, le 22 Octobre 1978 résume assez bien cette pensée.
Dans cette croisade contre le communisme, Karol, va pouvoir compter sur un allié de poids. Les Etats-Unis d’Amérique. Le Lundi 07 Juin, 1982 aura lieu dans la bibliothèque du Vatican, une des rencontres les plus secrètes de l’histoire moderne, plus tard surnommée « l’alliance sainte » par les journalistes du Time Magazine. Le président des Etats-Unis d’Amérique Ronald Reagan rencontra pour la première fois le souverain pontife dans la bibliothèque du Vatican. Lors de cet entretien, le principal sujet sera la domination soviétique en Europe de l’est. Nous sommes en pleine guerre froide, et les deux blocs américains et soviétiques se livrent alors une compétition sans merci.
Ces deux hommes vont se découvrir plusieurs points communs. Ils sont tous les deux des figures mondiales majeures de leur époque, ils ont tous les deux survécu à des tentatives d’assassinats, ils sont tous les deux convaincus d’avoir une mission d’origine Divine. Mais surtout ils ont un ennemi commun : Le communisme.
Ils se mettent d’accord pour mettre en place une campagne clandestine pour hâter la dissolution du bloc soviétique. Le plan sera composé de plusieurs étapes : – faire en sorte que la course à l’espace devienne trop couteuse pour l’union soviétique,
– soutenir les syndicats et mouvements de reformes dans les pays satellites (Hongrie, Tchécoslovaquie),
– soutenir les médias principalement les radios pour relayer les messages aux populations…
De son coté, le pape Jean Paul II par ses multiples voyages va susciter une vague d’espoir dans cette Pologne bridée par la dictature, va altérer la mentalité de peur et provoquer un sursaut du peuple polonais. Cela aboutira premièrement à la victoire du syndicat Solidarité de Lech Walesa puis, cet élan se propagera dans les autres pays, pour aboutir finalement à la chute du régime.
Les services secrets russes conscient de la menace, essayeront en vain en mai 1981 lors d’une audience publique du Pape à la place Saint Pierre de Rome d’assassiner le seul homme capable d’ébranler les fondations de l’internationale soviétique. Et lors de la chute du communisme en 1989, Michael Gorbatchev ne pourra que constater que « rien de ce qui s’est passé en Europe de l’Est n’aurait été possible sans la présence de ce pape».
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